Jusqu'à la fin des années 60, le Mexique était, après l'Inde et les Etats-Unis, le troisième producteur de cinéma au monde avec près de 180 films par an en moyenne. Pourtant, Sibylle Hayem s'est aperçue qu'il n'existait aucun disque de musique de films mexicains. Explication aux Studios Churubusco Azteca:«Je suis tombée sur une pièce bourrée de bobines puantes. Les masters des bandes sonores avaient été oubliés. Personne ne savait. Les autorités voulaient s'en séparer à cause de l'odeur.»
Virus du vinaigre. Au Mexique, la musique de film a d'abord été enregistrée sur des disques en aluminium. Dans les années 50, ils furent remplacés par des bandes magnétiques. Victimes du virus du vinaigre, ces bandes sont en train de pourrir. «Il m'a fallu un an pour faire comprendre aux autorités qu'il y avait des trésors à restaurer. Comme à Hollywood, les studios de Churubusco étaient très fermés et seuls quelques compositeurs y avaient accès. Et il n'y a ni partitions ni répertoire de tous les trésors qui furent enregistrés. J'ai restauré une bande pour l'envoyer au directeur des studios, Alfredo Joskowicz, qui m'a engagée sur le champ pour continuer la restauration.»
Première découverte: 80 des 156 musiques de Raul Lavista, l'héritier des pères du musical mexicain. Deuxième découverte, 90 bandes de Manuel Esperón qui a composé pour plus de 600 films. «Esperón a débuté en accompagnant au piano les films muets, rappelle Sibylle Hayem. Ses compositions font partie de l'inconscient populaire