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Libération
Critique

Salzbourg perd le fil d'«Ariane»

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publié le 25 août 2001 à 0h29

On attendait avec impatience l'Ariane à Naxos de Salzbourg. Peut-on rêver mieux que les Wiener Philharmoniker pour rendre justice à ce chef-d'oeu vre de raffinement musical et d'intelligence dramatique? Mieux que Natalie Dessay en Zerbinette et Susan Graham en Compositeur? Gérard Mortier, lors de l'annonce de sa programmation 2001, avait prévenu qu'il offrirait au public autrichien ses Chauve-Souris et Ariane à Naxos chéries, mais dans des mises en scènes l'invitant à réfléchir sur sa culture et son destin historique. Après le scandale de la Chauve-Souris (Libération du 23 août), certains évoquaient une Ariane punk dans le Grosses Festspielhaus.

On connaît l'histoire. L'homme le plus riche de Vienne a engagé une troupe lyrique et un groupe de variétés pour une grande soirée qu'il donne chez lui. Le problème se pose de savoir lequel des groupes ouvrira et fermera le bal. Le compositeur de l'opéra est effaré d'apprendre que l'on donne un divertissement superficiel et vulgaire après son oeuvre d'inspiration mythologi que, posant de graves questions existentielles. Mais, comme le lui fait remarquer l'Intendant, il peut vivre six mois avec ce cachet providentiel. Pour résoudre le con flit, le maître de maison décide que les deux programmes seront donnés en même temps. On est plus que jamais à Vienne, avec cette mise en abyme de l'illusion du théâtre. La Vienne de Schnitzler ­ pour le badinage citant la commedia dell'arte ­ et celle de Freud ­ pour la façon de questionner la présen