Menu
Libération

Mort du pianiste Frank Emilio

Article réservé aux abonnés
Il était un des pionniers du jazz à Cuba.
publié le 28 août 2001 à 0h30

Dans le milieu musical, on l'appelait de ses deux prénoms, Frank Emilio. Dans le roman Trois Tristes Tigres, la foisonnante fresque où Guillermo Cabrera Infante fait revivre La Havane nocturne des débuts de la révolution, il apparaît sous le nom de «Franemilio», la prononciation cubaine. Son patronyme, Flynn, était réservé à l'état civil. Frank Emilio Flynn avait d'ailleurs peu connu son père: Mister Flynn, américain d'origine irlandaise, avait quitté Cuba après la mort de sa femme, lorsque Frank Emilio n'avait que cinq ans. Il ne donnera plus signe de vie.

Fièvre. L'enfant manifeste très tôt son goût pour le piano, qu'il entend au cinéma (c'est l'époque du muet). Quand il devient aveugle, à treize ans, Frank Emilio persévère dans l'apprentissage du clavier. Il étudie le piano classique, mais il est aussi parmi les premiers à Cuba à écouter du jazz. Au début des années 50, il réunit quelques jeunes passionnés de cette musique venue du Nord. On y trouve tous les piliers d'un genre qui vient de naître, le «filin», une sorte de bossa-nova cubaine, notamment une jeune danseuse qui s'essaie au chant: Omara Portuondo.

La Havane vit alors la fièvre des descargas (jam-sessions) et Frank Emilio s'illustre avec les meilleurs musiciens de l'île (Tata Güines, Guillermo Barreto, Gustavo Tamayo) au sein du prodigieux Grupo de Musica Moderna, qui deviendra Los Amigos. Il ne s'éloigne pas pour autant du classique: il crée le Concerto en Fa de Gershwin en 1954, avec l'Orchestre symphonique de