Salzbourg envoyé spécial
Directeur de la Monnaie de Bruxelles dans les années 80, Gérard Mortier aura connu en 1990 la consécration absolue pour un directeur d'opéra européen: succéder à Karajan à la direction du mythique festival de Salzbourg. La manifestation allait sous sa houlette prendre une autre tournure avec l'introduction d'ouvrages du XXe siècle, la création d'opéras contemporains et l'invitation de metteurs en scène imposant des lectures très personnelles des oeuvres. Nul n'oubliera le Don Giovanni de Chéreau, le Saint François d'Assise de Messiaen monté par Peter Sellars, l'Erwartung de Schoenberg par Bob Wilson, des productions déroutantes mais acclamées par la critique et le public. Une aventure de théâtre et de musique qu'il compte poursuivre à la tête du nouveau Festival triennal de la Ruhr, qui débute en septembre 2002 et dont il a été nommé directeur pour trois ans, au terme desquels il succéderait à Hugues Gall, en fin de mandat, à la direction de l'opéra de Paris.
L'été dernier, suite à l'annonce de la participation de Jörg Haider au gouvernement autrichien, certains pressèrent Gérard Mortier de démissionner. Il préféra rester et «combattre l'ennemi par des manifestations artistiques», tout en annonçant qu'il quitterait ses fonctions à la fin de l'édition 2001, pour laquelle il avait programmé deux ouvrages typiquement autrichiens mais dans des lectures invitant le public à réfléchir sur les rapports entre sa culture et sa participation historique au nazism