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Libération
Interview

«J'aime filmer comme si je volais quelque chose»

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publié le 29 août 2001 à 0h30

Il fait à peine ses 30 ans, un air d'étudiant, tee-shirt vert foncé et jean, tranquille et souriant. Il a amené sa copine, ravissante, qui est aussi actrice dans le film. Jia Zhang-ke n'a pas l'air très impressionnant, il ne pose pas, mais il est curieux de tout. Mine de rien, en deux films, il s'est déjà imposé comme un cinéaste majeur. Il semble avoir tout compris des gestes, des durées, des couleurs et des bruits qui habitent un plan.

«Platform»?

C'est le nom d'une chanson très populaire en Chine au début des années 80, avec ce refrain: «Nous attendons, tous nos coeurs attendent, attendent pour toujours sur le quai.» C'est l'espoir d'un voyage, d'un départ ou d'une arrivée, un quai de gare, un terminus, on ne sait pas. J'aime ces expressions qui possèdent plusieurs explications. C'est vraiment l'esprit des années 80 en Chine: beaucoup de rêve d'avenir, après les années les plus dures de la Révolution culturelle. Mais c'est triste aussi: rien n'est vraiment venu, tout s'est arrêté. Le film est comme cela, où l'espoir et la mélancolie se mêlent inextricablement.

Vous avez vécu tout ce que l'on voit dans «Platform», de la fin des années 70 à aujourd'hui? C'est un témoignage?

J'ai mis des choses vécues, depuis le milieu des années 80, quand j'étais lycéen dans la petite ville de Fenyang, province de Shanxi. Ces moments sont très autobiographiques, la vie en bande, les habits et les musiques qu'on découvrait alors. Mais toute la première partie du film vient de ma grande soeur, qu