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Libération
Critique

A quoi Mercury Rev.

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Lumineux, atmosphérique et superflu, le nouvel album de pop symphonique du trio américain plane entre emphase et fragilité.
publié le 30 août 2001 à 0h31

Roulement de tambour, explosion de violons, le nouveau Mercury Rev débute comme un générique de James Bond. All Is Dream est placé d'entrée sous le signe de l'emphase la plus débridée. Panoramique, mouvement de grue, superproduction... «Nous voulions ouvrir sur une vision grandiose», résume Jonathan Donahue. Quitte à s'abîmer en plein ciel.

«Mercury Rev réhabilite le rock pompier», explique la publicité. Projet hautement superflu que seul ce trio de zozos psychédéliques, survivants d'innombrables excès (le groupe fut interdit de vol après que son chanteur a tenté, en plein ciel, d'énucléer le guitariste avec une cuillère), pouvait mener à bien. A bien, c'est vite dit, tant il est difficile de prendre au sérieux un disque de pop symphonique qui sonne si souvent comme une vieille guimbarde. Et dont le chanteur s'arrache les cordes vocales en voulant imiter un Neil Young après surdose d'hélium. N'empêche, au coeur de ce fatras romantique, aussi vénéneux qu'un poème adolescent, au milieu d'effets de manche parfaitement risibles, quelque chose de profondément émouvant survit. Un mélange fragile de grandeur et de crétinerie, de vraie folie et de détachement désabusé, confère une grâce à ces ballades gothico-stratosphériques.

Odyssée foutraque. Il y a trois ans, Deserter's Songs (les chansons du déserteur), avec ses gémissements de scie musicale, ses arrangements de cordes outrés et son aura délétère, avait causé un certain émoi dans le microcosme rock. Lassé des sempiternels assauts