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Critique

C'est beau c'est Bosch.

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A Rotterdam, une exposition replace l'artiste néerlandais du XVe siècle dans son contexte culturel.
publié le 1er septembre 2001 à 0h41

Surprise. L'exposition Bosch n'est pas la rétrospective grandiose à laquelle on s'attend, égrenant tous les chefs-d'oeuvre peints attribués à l'artiste le plus ébouriffant de notre monde. C'est paradoxalement parce que les plus grands tableaux, conservés à Madrid, sont intransportables («Voyez-vous le Rijksmuseum d'Amsterdam prêter sa Ronde de nuit ? Au Prado, c'est la même chose, on ne prête pas son identité», expliquent les commissaires) que l'exposition est plus passionnante que les monographies. Passionnante, comme les trois commissaires néerlandais. Pour eux, c'est en montrant des objets, peintures, gravures, proverbes, inscriptions, insignes ou pots précisément choisis que l'on visualisera au mieux le champ culturel dont Bosch est issu, citadin et provincial (S'Hertogenbosch, en Brabant, vers 1450-1516, dates présumées de l'artiste) et qu'il a marqué à son tour. Comme le dit Jos Koldeweij, l'un des commissaires : «Il faut savoir ce qu'était une peinture néerlandaise dans son appréciation commune pour comprendre comment Bosch, seul peintre exceptionnel dans une ville qui ne possédait ni tradition ni contexte picturaux, va plus loin.» Ces paradoxes fondent le mythe de Jérôme Bosch, immédiatement reconnaissable, mais qui reste anonyme : mystère sur sa vie, sa personne, sa peinture (il n'a rien signé), et sur l'interprétation à donner aux figures. La plupart des exégètes se sont cassé les dents, comme le célèbre iconologue Erwin Panofsky : «C'est trop fort, je passe.»

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