Menu
Libération
Critique

Les cinq vies de l'écrivain

Article réservé aux abonnés
Recueil de textes de Bernard Dort, haut fonctionnaire le jour, critique de théâtre et de cinéma la nuit.
publié le 5 septembre 2001 à 0h43

Bernard Dort, mort le 5 mai 1994, fut sans doute, quarante ans durant, le plus exigeant et le plus incisif des compagnons du théâtre européen. Il n'aimait pas qu'on l'appelle critique. Et l'on comprend pourquoi à la lecture du recueil de textes, pour la plupart inédits, réunis par sa biographe Chantal Meyer-Plantureux.

Car c'est bien d'un «écrivain» dont il faut parler, même s'il fut «périodique»: écrivant, sur la longue durée, d'impressionnantes séries de textes courts, articles, lettres, journaux intimes, ébauches de romans, notes, phrases éparses, commentaires, gloses... L'Ecrivain périodique permet ainsi d'entrer au coeur des multiples vies de celui qui fut l'un des intellectuels majeurs de la seconde moitié du XXe siècle.

Plus particulièrement, on s'attache ici aux diverses formations du jeune Dort, littéraires, musicales, politiques et cinématographiques, qui semblent avoir précédé, puis renforcé, la vocation de l'exégète théâtral. Né en 1929 à Metz, le jeune Lorrain, après s'être réfugié dans le Gers durant l'Occupation, découvre Paris en 1945. Bac en poche, il fait son Droit et Sciences Po, puis intègre l'ENA en 1951, avant de devenir administrateur civil au ministère de la Santé.

Sa vraie vie est ailleurs: la lecture, l'opéra, le cinéma l'accaparent. Très vite, il con signe ses impressions et trouve sa voie personnelle: il écrira sur les oeuvres des autres, ou plutôt ­ c'est là toute sa force ­ sur lui-même lisant ou regardant les oeuvres de ses contemporains. Ce sacer