L'une des grandes figures de la critique de cinéma s'est éteinte: Pauline Kael, qui tint des années durant le magistère du New Yorker, est morte dimanche, chez elle, à Great Barrington, Massachusetts, à l'âge de 82 ans. Elle fut sans doute la critique la plus influente du milieu cinématographique, tenant d'une main de fer la rubrique la plus lue du New Yorker entre 1968 et 1979. Petite, mais connue pour son caractère batailleur et son style tout feu tout flamme, elle avait commencé sa carrière de plume au début des années 60 à Life Magazine, avant de passer par McCall's puis The New Republic.
Proche de Scorsese. Femme de gauche, formée à la philosophie sartrienne lors d'études universitaires brillantes, elle savait aussi, contrairement à bon nombre de ses collègues new-yorkais passés par les mêmes écoles, apprécier le cinéma américain. Célèbres en effet furent ses enthousiasmes pour Robert Altman (elle réalisa en 1975 un entretien sur Nashville qui fit grand bruit), Francis Ford Coppola (elle défendit bec et ongle la série des Parrain alors mise à mal par une partie de la critique américaine), Martin Scorsese (elle était l'une des rares critiques vraiment proches de l'auteur de Mean Streets et Taxi Driver), Sam Peckinpah (elle tomba immédiatement amoureuse de la violence sensuelle du vieil alcoolique) ou Brian de Palma (sachant percevoir dès le milieu des années 70 l'importance de Carrie).
Mais son combat le plus intense et le plus polémique concerna le Dernier Tango à Paris (