Alors qu'elle s'apprête à tourner dans un nouveau film, la Vie promise d'Olivier Dahan (auteur de Déjà mort et du Petit Poucet), Isabelle Huppert, cheveux fraîchement teintés en blond pour ce rôle, revient sur la Pianiste, qui lui a valu au dernier festival de Cannes un prix d'interprétation féminine plus que largement mérité.
«J'ai connu Haneke avant de connaître son cinéma. Il est venu me voir à Londres en 1995 où je jouais Mary Stuart pour me proposer un rôle dans Funny Games. J'ai vu Benny's Video et 71 Fragments... Le scénario était magnifique, extrêmement évocateur, mais il n'y avait pas vraiment d'histoire puisque le principe consistait à dégager le film de tous les oripeaux de la fiction et du spectacle. J'ai beaucoup hésité puis refusé, mais nous sommes restés liés. On a donc commencé... par ne pas faire de films ensemble, ce qui a créé une autre forme de relation et plus de désir de part et d'autre. Quand il m'a proposé la Pianiste, il m'a dit : "Je pense que tu trouveras ça encore plus violent que Funny Games !"»
Ce projet est-il différent des autres films de Haneke, est-ce une cassure dans son système?
On n'en a jamais parlé en des termes aussi directs, mais je pense qu'en lui a toujours persisté la volonté de faire un cinéma assez accessible et populaire. Chaque film repose sur un mélange du mental et du théorique avec des éléments extrêmement incarnés, physiques et animaux. Elfriede Jelinek et Haneke se plaisent à dire que la Pianiste est, au fond, la parodie d'un