Menu
Libération
Critique

Romain Cana, un doux goût d'Inde

Article réservé aux abonnés
publié le 7 septembre 2001 à 0h45

Quelques recettes sur un menu, des photos au mur: les seuls souvenirs de son Sri Lanka natal. Comme toute sa famille, Romain Cana a fui la guerre civile à l'âge de 20 ans, aux débuts des années 80. Aujourd'hui, il est à la tête de trois restaurants et songe à s'agrandir. Après un transit par Paris, sans papiers et sans le sou, le jeune tamoul atterrit à Lyon, où il parvient à se faire embaucher chez Rhône-Poulenc. Mais il se voit toujours refuser le statut de réfugié politique. En 1989, son mariage avec «une fille du pays» marque la fin des années de galère. Devant l'enseigne d'un restaurant indien du VIe arrondissement, il s'imagine un autre avenir, lui qui n'a jamais été cuisinier. Peu importe, il a d'autres atouts en poche. Se décrivant comme «maniaque, n'ayant jamais supporté la subordination», Romain a le goût des affaires et du travail bien fait. Son premier restaurant, ouvert en 1996 à la Croix-Rousse, démarre mal. Sur les conseils du restaurateur voisin (le talentueux Daniel Ancel), il décide d'adapter sa carte au goût français: cuisson moins intense, épices plus sages. Cette fois, la sauce prend. Romain ouvre un deuxième restaurant à Villefranche-sur-Saône qua tre ans plus tard, et dans la foulée un troisième dans le VIe arrondissement de Lyon, celui-là même devant lequel il s'était arrêté autrefois. Trois chefs d'Inde du Sud, formés par ses soins, officient aux fourneaux dont sortent des «gourmas» de saumon, des magrets de canard «vindoloo» ou des plats végétariens