La dernière grande agence photographique française indépendante, Sipa Press, va passer dans le giron du groupe Sud Communication, comme Libération l'annonçait vendredi. Cette cession, confirmée lors de Visa pour l'image, marque clairement la fin d'une ère, après le rachat de Sygma par Corbis en 1997 et celui de Gamma par Hachette Filipacchi en 1999. Grâce à Gamma, Sipa et Sygma, Paris a longtemps été La Mecque du photojournalisme. Lorsqu'un magazine américain préparait un numéro sur l'année écoulée, il achetait souvent 70 % de ses photos dans la capitale française. «Les trois A», se livraient alors une concurrence acharnée, et tenaient le haut du pavé.
Offensive des milliardaires. En quelques années, la donne a changé. Notamment depuis que deux milliardaires américains, Mark Getty et Bill Gates, se font la guerre en rachetant des agences dans le monde entier. En 1997, Sipa avait réussi à échapper à Corbis (Bill Gates) qui lui proposait 22 millions de dollars (24,36 millions d'euros). Mais après trois années de pertes (19 millions de francs au total, 2,9 millions d'euros), l'agence n'a pu que se vendre.
Plusieurs raisons expliquent les difficultés de Sipa et de ses concurrentes. La principale est le passage au numérique, qui a obligé les agences à équiper leurs photographes et à numériser leur fonds. Sipa, par exemple, a dû embaucher 25 personnes. Et sur ce terrain, les trois grandes agences de presse mondiales AP, Reuters, AFP sont des concurrents de taille. Leur rapidité