La visite «Parcours découverte de la ville de Drancy» peut s'effectuer en car, rendez-vous samedi et dimanche devant l'hôtel de ville (1). Au programme, «les bâtiments municipaux, les cités-jardins, la cité de la Muette, les cités SNCF, les cités de l'après-guerre, etc. Le mémorial de la Déportation.» Et cætera, points de suspension. La brochure du ministère de la Culture reflète le malaise que provoque la visite de l'ancien camp de concentration de Drancy, classé Monument historique en mai dernier et désormais inscrit sur les tour-opérateurs des Journées du patrimoine.
Sur place, Alain Kremenetzky, directeur du Conservatoire historique du camp de Drancy, association 1901 dotée d'un faible budget et de beaucoup de bonne volonté, s'attend aux réactions habituelles: «Les gens arrivent, visitent notre petit local, écoutent nos explications et disent: "Quand est-ce qu'on y va?" "Où?" "Au camp." "C'est là le camp?"» En fait de Mémorial, une cité HLM tranquille, un bâtiment en U, une cour, des arbres, des gosses sur des vélos, des hommes en train d'astiquer leur voiture. Ils habitent la cité de la Muette.
Les mêmes 40 000 mètres carrés
Il y a soixante ans, on disait Drancy-la-Juive. C'étaient les mêmes murs en cailloux lavés, les mêmes alignements de fenêtres. Il n'y avait pas de vitres, la cour était fermée par des barbelés, le sol était recouvert de mâchefer. Des fenêtres des gratte-ciel voisins, on apercevait des milliers de silhouettes. Et des bus bondés qui entraient et sortaien