Un soir de l'hiver 2000, lors du premier concert parisien de Plena Libre, un New Morning plus transpirant que jamais s'était vu inondé de drapeaux portoricains. Le public prit la mesure de l'importance de la plena pour l'île caraïbe de Porto Rico, l'«Etat libre associé» aux Etats-Unis. On pourra aussi imaginer la joie qu'y provoqua la nomination aux Latin Grammy Awards, décernés ce soir, du dernier album du groupe, Más Libre (Ryko Latino/Naïve), en compétition dans la catégorie «musique tropicale».
Si Porto Rico est habitué à remporter les lauriers de l'industrie du disque américaine (Jose Feliciano, Eddie Palmieri, Tito Puente, Ricky Martin...), «c'est la première fois qu'un de nos rythmes autochtones est nominé aux Grammys, ce qui est en soi un événement», jubile Gary Nuñez, directeur de Plena Libre et compositeur-arrangeur de la plupart des titres de sa discographie.
Tradition. La plena est le fruit d'une rencontre, dans la ville marchande de Ponce à la fin du XIXe siècle, entre les travailleurs agricoles portoricains et une immigration des Antilles anglophones. Très vite, sa popularité recouvre aussi bien la côte, noire et mulâtre, que la cordillère centrale, plus blanche et européenne. Elle gagne même les salons de la haute société et devient le seul genre reconnu de tous les Portoricains. Instruments de base du «quotidien chanté» (l'actualité socio-politique du pays servant traditionnellement d'inspiration aux pleneros), les panderos, ou panderetas (tambourins de trois t