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Libération

Remis en «Mémoires».

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Réédition d'un livre d'entretiens où Claudel se raconte sans se dévoiler.
publié le 11 septembre 2001 à 0h47

Au fil de Mémoires improvisés, fruit de quarante-deux rencontres radiodiffusées (sur la Chaîne nationale en 1951 et 1952) entre Paul Claudel et le lettré Jean Amrouche, l'auteur de l'Echange en vient à parler des quatre figures de Partage de midi comme des «personnages objectivement réels avec qui j'ai eu un contact profond, n'est-ce pas, de partenaire». Ces entretiens avaient donné lieu à une publication par Gallimard en 1954 d'après une sténographie en partie fantaisiste (Madame de Loynes devenant madame de Noaïlles, «et c'était en ballets» devenant «on s'était emballé», etc.). Louis Fournier avait fait un relevé de ces coquilles et, surtout, il avait remarqué que la version éditée ne respectait guère l'oralité de Paul Claudel, ses hésitations, ses «n'est-ce pas», ses «ben», etc. Revues et corrigées, ces Mémoires improvisés ont été édités par Fournier chez Gallimard en 1969. Ils étaient devenues introuvables, les voici disponibles, augmentées d'un index. Mieux, on peut lire ces Mémoires fidèles tout en les entendant à travers les dix cassettes des entretiens éditées par la Société Paul-Claudel (1). C'est à peu près synchrone. Chicanons un peu: avec sa voix pétrie dans la glaise, Claudel dit «part'naire» et non «partenaire» comme il est transcrit.

Pudeur. D'entretien en entretien, on retrouve un vieil homme réarpentant le sentier créateur de ses oeuvres avec une voix de terroir au débit régulier, un timbre sans éclats (sauf de rires) mais assuré, une voix précautionneuse dev