Belle, l'exposition l'est indéniablement. Environ quatre cents oeuvres de Jean Dubuffet (1901-1985) se déploient fastueusement sur 2 000 mètres carrés. Le rythme du parcours est régulier comme un métronome. Un parcours en labyrinthe, composé de couloirs, antichambres plus étroites donnant sur de vastes salles rectangulaires qui s'ouvrent, comme des respirations. Petits formats, gouaches, dessins, collages et oeuvres phares ne viennent jamais seuls, mais s'assemblent, en séries elles aussi régulières. Elles ont des titres génériques, sous lesquels on les dénomme familièrement: les Matériologies, les Texturologies, Paris-Circus, le Coucou Bazar, les Sites, les Mires, les Non Lieux...
Suite. Actif jusqu'à sa mort, Dubuffet n'aurait-il travaillé toute sa vie que par séries? Le fil d'Ariane chronologique de ce labyrinthe tend à le prouver. L'oeuvre polymorphe de Dubuffet (plus de 10 000 travaux répertoriés au catalogue raisonné de l'artiste) est en effet montrée comme une suite, au sens presque musical, de transformations formelles.
Est-ce la véritable nature des révolutions apportées par Jean Dubuffet? L'exposition prend le parti de l'ordre et de l'art, construisant l'oeuvre de l'artistecomme un tout, une dialectique en dehors de tout contexte historique. L'appel à la série commence d'emblée, avec les Lil', 1935, Lil au chapeau garni de cerises, Lil assise, Lil devant la fenêtre, au foulard, aux tomettes: poupée aux yeux quasi-clos, habillée et placée dans un environnement invaria