En attendant le Voyage d'hiver de Schubert, à la fin du mois au Châtelet avec Jessye Norman et Bob Wilson à la mise en scène, le palais Garnier ouvre sa saison le 17 avec un ticket choc: la création française de la Petite Fille aux allumettes, opéra contemporain de Helmut Lachenmann, marquant le début du Festival d'Automne. Créée en janvier 1997 en Allemagne, cette «musique avec images», plutôt qu'opéra, selon le compositeur qui a exigé l'absence de surtitres à Paris, sera l'occasion pour un plus large public de découvrir l'oeuvre aride de Lachenmann, dans le contexte plus divertissant d'un spectacle scénique.
Confiée à Peter Mussbach, responsable d'un Doktor Faust d'anthologie à Salzbourg, cette nouvelle production de la Petite Fille aux allumettes s'annonce radicale. Mais Hugues Gall, directeur de l'Opéra de Paris, a prouvé avec Salammbô de Fénelon et K... de Manoury, à Bastille, que l'opéra contemporain attirait désormais à Paris autant de spectateurs que Mozart ou Verdi. Par son caractère assez abstrait, recherche sur le point limite entre son et bruit, son utilisation très originale des instruments acoustiques de l'orchestre symphonique tradi tionnel, son traitement du choeur et des voix, la musique de Lachenmann ne réclame pas la compréhension préalable d'un langage ou d'une combinatoire complexe. Peter Mussbach nous donne des précisions sur cet ovni «sans action scénique» écrit d'après le conte d'Andersen, mêlant des textes de Leonard de Vinci et la voix parlée de Gudr