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Libération

La belle Quidam

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publié le 14 septembre 2001 à 0h48

Un jour, Loana a dit qu'elle aimait deux livres: le Rouge et le Noir, de Stendhal, et le Quid, cette bible moderne sans idées, ni vie, ni croyance. Dans le loft, comme elle a sans doute déjà lu et relu le premier, Loana emporte le second. Pendant deux mois, entre deux numéros de cobayes régressifs, les téléspectateurs voient et revoient ce livre. Et vers la fin juin, les ventes du Quid, qui d'ordinaire se tassent, augmentent. La prescription involontaire a été efficace. Non seulement Loana attire les quidams, mais elle les fabrique.

La nouvelle vient d'être révélée par les éditeurs du Quid. Elle les a surpris: il y a donc des gens pour regarder Loft Story au premier degré? Pour faire de Loana leur guide éditorial? Oui, il y en a ­ des milliers. Davantage, par exemple, que pour suivre l'avis d'un professionnel: quel journaliste, quel écrivain, quel professeur, quel élu pourrait se vanter de faire vendre un livre à lui seul? Loana peut. Elle n'a rien à dire: il suffit qu'elle feuillette, et, comme les enfants, ses fans font ce qu'elle fait, plutôt que ce qu'elle dit (rien).

Loana incarne peut-être l'avenir du livre à la télé. Elle serait bien meilleure, en tout cas, que cette autre blonde promenant mollement ses bouquins dans la cage aux images, Guillaume Durand. Elle est plus neuve, plus fraîche, plus spontanée, mieux peignée. Pourquoi ne pas la mettre, pour changer, à la place de Pivot? Dans une chambre vide, elle inviterait ses potes. Entre deux bavardages, elle ouvrirait un