On apprenait lundi qu'une manifestation-colloque sur l'art afghan était annulée à Paris. Des raisons de sécurité, dont chacun pourra imaginer les arguments, en sont le prétexte. Qu'elles soient fondées ne change rien à ce constat: dommage, il y avait peut-être là une occasion à saisir. A l'heure où commence l'encerclement international d'un pays voué aux gémonies, il peut sembler plus urgent d'ouvrir des espaces d'échange culturels et artistiques que de les fermer. Choisir ce moment pour nous boucher les yeux sur l'Afghanistan et sur son art serait comme s'infliger une double et inutile peine, dont le premier effet est de nous maintenir à la fois dans un bocal occidental de plus en plus abstrait, mais aussi d'aggraver notre ignorance à propos d'un peuple, d'une culture et d'un pays dont nous ignorons tout, ou presque.
Ce dilemme est le même que celui posé au premier Festival international du film de Marrakech, qui doit se tenir du 28 septembre au 2 octobre. Hier, la rumeur courait qu'il serait annulé. Aujourd'hui, on nous confirme qu'il est maintenu. Il est clair en tout cas que cette manifestation est devenue, en l'espace d'une semaine, l'objet d'enjeux symboliques qui la dépassent.
Souhaité par le roi du Maroc, ce festival de catégorie mondiale a été conçu pour fixer un pôle cinéphile solide dans le monde arabe qui en est singulièrement dépourvu. Son objectif est d'organiser un grand rendez-vous annuel où les professionnels du monde entier se retrouveraient. C'est d'ailleurs