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Libération
Critique

Quelle connerie, la guerre!

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publié le 19 septembre 2001 à 0h51

Perdus au milieu du brouillard, des combattants aux uniformes dépareillés s'arrêtent pour attendre l'aube. Gros plan sur les visages creusés, les cigarettes cachées au creux des mains. Le soleil se lève en un magnifique matin d'été. D'un coup, explose un déluge de feu depuis les tranchées serbes. Un seul des soldats bosniaques réussit à s'en tirer, rampant jusqu'à une tranchée abandonnée au milieu de ce no man's land où le groupe s'était égaré.

Dès les premières images, le ton est ainsi donné. C'est la guerre de Bosnie à niveau de combattant, filmée sans pathos dans sa réalité la plus crue, tour à tour dérisoire, absurde et tragique. De part et d'autre des lignes, les hommes parlent la même langue. Avant d'être là, ils ont partagé les mêmes amis et baisé les mêmes filles. C'est une guerre où l'on se tue entre anciens voisins, souvent sans vraie haine.

Mine bondissante. Dans ce no man's land qui donne le titre au film de Danis Tanovic, ils sont finalement trois: le Bosniaque rescapé, un jeune soldat serbe envoyé en reconnaissance, et un Bosniaque que les Serbes ont cru mort. Ils ont piégé son pseudo «cadavre» avec une mine bondissante, de celle qui éclate à hauteur d'homme, projetant aux alentours de mortelles billes d'acier. Or, l'homme se réveille. Il ne peut bouger ou être bougé sans déclencher l'explosion. Les trois hommes se font face, ennemis et coincés dans la même galère. Là s'enclenche le drame. Dans les tranchées serbes comme les tranchées bosniaques, nul ne sait trop