Manu Chao a-t-il un destin présidentiel? C'est le capital problème qu'il faut soulever depuis un certain dimanche 2 septembre. Ce jour-là, à La Rochelle, les journalistes remarquent que l'un des morceaux qui accompagne la sortie de Jospin se trouve être Me Gustas tu de Manu Chao, tube de l'album Proxima estacion: esperanza. Le Premier ministre vient de clore l'université d'été du PS, de présenter les affiches 4 x 3 de «la Nouvelle France» en s'exclamant: «Ne sommes-nous pas le gouvernement le plus à gauche d'Europe?» (Libération du 2 septembre). La question d'une radicalisation post-Gênes de la gauche officielle devient alors très pointue au niveau du tympan droit. Jusqu'à présent, en effet, les BO de meeting ne brillaient pas par leur signification cosmique, politique ou musicale. Entre The Final Countdown de Europe, We're the Champions de Queen, Eye of the Tiger de Survivor et Aïda de Verdi, il s'agissait plutôt de chauffer grassement la salle, d'accompagner le pas martial du leader politique vers l'estrade, le tout dans la plus grande et vulgaire pompe possible. Autant dire des BO de droite. En choisissant un morceau de l'ex-leader de la Mano Negra, propulsé bande-son officielle des antimondialisation depuis le succès de Clandestino, le PS vient lécher l'oreille de la gauche radicale (même les ultras de Noir Désir ont succombé à la linea Chao) avec l'accent «portugnol». On comprend très bien pourquoi. En tant que galette préférée de la gauche bobotte, Manu Chao incarne le
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