Le dernier film d'Eric Rohmer, l'Anglaise et le Duc, sorti au début du mois, a une autre vedette que ses interprètes: le Paris de la Révolution, dont le réalisateur a demandé au peintre Jean-Baptiste Marot de recréer les décors, avant d'y «incruster» ses personnages. Exposées cette semaine à l'espace Commines (lire ci-contre), ces toiles ressuscitent un Paris doré, nostalgique et désert, un peu plus minéral qu'à l'époque (pour le cinéma, il ne fallait pas trop d'arbres, aux feuilles difficiles à animer, ni trop d'embarcations mouvantes sur la Seine) mais qui incitent tous les amoureux de la ville à un voyage dans le passé, le long des rues d'aujourd'hui.
«Ronde comme une citrouille»: c'est ainsi que l'écrivain de la fin du XVIIIe Louis-Sébastien Mercier (1) décrit la capitale, à l'aube de la Révolution. «Le plâtre [...] à la fois blanc et noir annonce qu'elle est bâtie de craie [...]. La fumée éternelle qui s'élève de ces cheminées innombrables dérobe à l'oeil le sommet pointu des clochers [...]». Paris sue la fumée, hiver comme été, au rythme des feux de bois allumés pour le chauffage et la cuisine de ses quelque 600 000 habitants: une pollution bien étrangère aux ciels limpides et à la lumière dorée dont Jean-Baptiste Marot a baigné ses décors. Mais le Paris de Mercier, vu des tours de Notre-Dame, n'est pas celui de Grace Elliott, l'héroïne de Rohmer, élégante amie de Philippe Egalité.
A tombeau ouvert rue Saint-Honoré. Autant les quartiers du centre sont décrépits, puants e