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Libération
Critique

Les Résidents rien que pour vos yeux

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par Christophe KHIM
publié le 21 septembre 2001 à 0h52

On a attribué les qualificatifs les plus divers aux Residents: dadaïstes, futuristes, surréalistes, minimalistes, freaks ou beatniks... c'est selon. De ce bric-à-brac d'épithètes et au-delà des évidentes contradictions qu'il soulève, il faut retenir un précieux indice: toute tentative de définition des Residents, de leur musique mais aussi de leurs apparitions scéniques, de leurs vidéos ou de leurs créations multimédias convoque, d'un côté, un nécessaire rapprochement avec les avant-gardes historiques, et marque de l'autre un lien de parenté avec des expériences psychédéliques. Mais encore faudrait-il être plus pointu, car jamais les Residents n'ont participé ni même été associés de près ou de loin à un mouvement historique pop ou d'avant-garde. A l'inverse, ils ont constamment traversé ces formes en adoptant et en radicalisant certains de leurs procédés, afin de les subvertir.

Au coeur de l'entreprise «résidentielle» en effet, et ce depuis ses débuts en 1966, deux principes majeurs : l'un, avant-gardiste, geste moderne et/ou post-moderne, le déplacement (détournements, appropriations, inversions,etc.); l'autre rock ou pop, la reprise ­ entre cover et transcriptions, parodie vacharde et méticuleux passages à tabac. Dès leurs premiers albums, le programme est clairement annoncé. 1974, Meet The Residents, qui reprend et caviarde la pochette de l'album Meet The Beatles (le premier du groupe, sorti chez Capitol), est accompagné d'un texte explicitant le bien-fondé d'une hypothèse