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Libération
Critique

James Fox, la boxe prise avec des gants.

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publié le 26 septembre 2001 à 0h55

Avant même de juger son travail sur pièce, voir évoluer le photographe Jimmy Fox dans le champ pugilistique, qu'il parcourt depuis vingt-huit ans, est un pur délice. Dans cet univers vampirisé par le show-biz, où les m'as-tu-vu et autres je-sais-tout s'illusionnent à côtoyer une authenticité ancestrale, il se tient en retrait du tohu-bohu. A l'écart des scènes de famille, son effacement est purement en trompe-l'oeil. Les appareils en bandoulière, il observe, enregistre, se comportant tel un documentariste animalier dont la patience est la principale qualité, attendant pour déclencher l'objectif «le» moment, «magique, difficilement explicable», précise-t-il. Cela donne l'un des plus remarquables ouvrages photographiques jamais réalisé sur la boxe, paru ces jours-ci (1).

Distance. De Paris à Madrid, de Casablanca à New York, ce Britannique né en Belgique en 1935 a traqué la boxe avec la gourmandise curieuse d'un enfant. En faisant don de son temps, il fait un peu don de lui-même: «Pour montrer une facette de cet univers tragique et désespéré, à l'origine de quelques instants de bonheur pour certains ou d'une véritable aversion pour d'autres.» Cette prise de temps permet à Jimmy Fox d'échapper à l'étreinte cannibale du romantisme de la boxe. Il ne s'en laisse pas compter par les apparences, domine son sujet. Si, au hasard de ses pérégrinations, il lui arrive de saisir les stars, tel Muhammad Ali, Jimmy Fox s'attarde davantage sur les anonymes du ring. De même, à l'aspect spectac