Depuis les attentats du 11 septembre, il y a quelque chose de cassé au royaume des joujoux hollywoodiens. Sans qu'aucune explication valable ne soit avancée, c'est en effet le cinéma américain qui est le plus souvent mis en cause par l'incroyable vague puritaine qui a saisi le show-biz occidental à la suite de ces événements. Il ne s'agit même plus de recenser la cohorte des films reportés, retouchés ou reformatés, ni des campagnes de promo annulées ou des projets purement et simplement abandonnés. Il s'agit de s'alarmer d'un état d'esprit général, où la culpabilisation idiote et l'autocensure indigne le disputent à un masochisme fort déplacé.
Ce à quoi on assiste ces jours-ci, c'est à une réactualisation de moeurs cléricales anciennes: d'une part, l'établissement d'une nouvelle forme de mise à l'index; de l'autre, la constitution d'un nouveau canon (scénaristique, esthétique, symbolique, etc.).
La mise à l'index est le résultat du trauma rétinien planétaire infligé par les images du 11 septembre. A cause de leur analogie supposée avec un certain cinéma d'action, toutes les autres images déjà produites et qui pouvaient y faire penser ont été frappées d'illégitimité. Il y aura donc désormais un registre d'images particulièrement infréquentables, un corpus malséant de films réalisés avant la date fatidique et dont l'infamie serait de l'avoir d'une façon ou d'une autre prophétisée (ce qui revient, par ailleurs, à faire vraiment beaucoup d'honneur au cinéma).
Le nouveau canon, ce