Le Gentilhomme sévillan de Murillo (1), fleuron du département des peintures espagnoles du Louvre, fait encore parler de lui. Ce tableau a été au centre d'un des plus sensationnels faits divers de la France mitterrandienne (lire ci-dessous): pendant plusieurs années, Suzanne de Canson fut dépouillée de tous ses biens par sa compagne Joëlle Pesnel, qui finit par la séquestrer, jusqu'à une mort atroce en 1986. Le scandale devint énorme quand on apprit que le Louvre avait acheté à Joëlle Pesnel ce portrait subtilisé à sa victime. Au terme d'une longue procédure, la justice finit par délivrer un quitus au musée. Le 2 avril dernier, la cour d'appel de Paris a clos ce dossier en estimant que «la direction des musées de France avait pris les précautions qui s'imposaient» en l'achetant. Les magistrats ont donc refusé de restituer le tableau aux héritiers de Suzanne de Canson.
Pas de licence. Pour obtenir réparation, ceux-ci se retournent désormais contre Christie's, l'intermédiaire avec le Louvre. Ils accusent la maison de ventes d'avoir mené à bien cette transaction alors que ses responsables étaient avertis que le tableau était vraisemblablement dérobé. Mercredi, devant le tribunal de Paris, Me Corinne Hershkovitch a réclamé à Christie's au moins 20 millions de francs (3 millions d'euros), la valeur du Murillo.
Joëlle Pesnel avait en effet contacté Christie's à Genève et obtenu 155 000 francs suisses (104 000 euros) d'avances. La peinture fut inscrite à la vente de Londres du 5 juil