A la mort de Stanley Kubrick, une trentaine de cinéastes lui avaient composé le plus beau des tombeaux pour la revue Positif. Entre plusieurs hommages à «l'inventeur», au «visionnaire», se distinguait l'analyse de Claude Chabrol: la plus grande contribution de Kubrick au cinéma serait d'avoir démontré «par l'exemple de chaque seconde de film que tout est possible, que tout est permis sous contrôle absolu de tout» (1). Cette idée de maîtrise totale de l'oeuvre est au coeur de l'impressionnante collection de DVD éditée par Warner. Soit sept films parmi les plus grands du maître (seuls les Sentiers de la gloire et Docteur Folamour manquent à l'appel) rajeunis par des restaurations-remasterisations que Kubrick le perfectionniste aurait sans nul doute approuvées.
Hagiographie. Comme, aux dires de son exécuteur testamentaire, «Stanley pensait que les gens n'achètent pas un DVD pour les suppléments, [mais] parce qu'ils veulent voir un film» (2), on ne s'étonnera pas trop de la maigreur des bonus: trois courtes interviews éplorées de Tom Cruise, Nicole Kidman et Steven Spielberg (pour Eyes Wide Shut, déjà sorti en DVD l'an dernier) et un seul making-of (il est vrai remarquable, pour Shining). La déception est largement atténuée par la présence, dans le coffret, d'un long documentaire biographique signé Jan Harlan. L'ancien producteur exécutif (et beau-frère) du cinéaste expliquait, au début du mois, à Deauville que Kubrick, «s'il maîtrisait ses films de la première ligne du scénario