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Libération

La cata strophe

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publié le 28 septembre 2001 à 0h57

Sans atteindre la prescience hallucinante du groupe de hip-hop américain The Coup, dont la pochette imprimée deux mois avant représentait le WTC en flammes (lire Libération du 19 septembre), une chanson du dernier album de Noir Désir vaut largement son pesant de fulgurances prémonitoires. Parmi les douze titres de Des visages, des figures, Le vent nous portera avait logiquement été choisi comme le tube officiel, passe-partout, aimable, mélodieux, tournant sur toutes les radios et c'était très bien comme ça. Jusqu'à un certain 11 septembre. Jusqu'à ce qu'un balayage du reste de l'album remise brutalement le single programmé pour la gloire au rang de vieille galette moisie. Au profit de quoi? D'un titre a priori condamné à l'oubli profond et immédiatement propulsé tube officieux pour des raisons extra-musicales et hyperactuelles. Le morceau en question saute aux oreilles parce que deux tours nous ont depuis violemment sauté aux yeux. Le Grand Incendie se déclare sur la touche, n°2 du CD player, juste avant Le vent... Entrée en matière rapide sur guitare basse primaire. Voix radicale-énervée d'un Bertrand Cantat d'il y a quinze ans période la Rage. «Ça y est, le grand incendie. Y'a le feu partout, Emergency, Babylone, Paris s'écroulent. New York City. Iroquois qui déboulent.» Sur le livret, page de gauche, une statue de la liberté noir et blanc, stylisée, surexposée, est la proie des flammes. «T'entends les sirènes, elles sortent la grande échelle [...] Un techno picnic sur la