Début de saison médiatique lundi dernier au Châtelet avec le Winterreise de Schubert, vocalisé par Jessye Norman et mis en espace et lumière par Bob Wilson. Autour de 20 heures, Jack et Monique Lang sont mitraillés par les photographes, Jeanne Moreau converse avec Bertrand Delanoë et Yves Saint Laurent, qui signe les costumes, est suivi par une caméra. D'autres sopranos, de Christa Ludwig à Brigitte Fassbaender, ont tenté de s'approprier ce sommet incontesté du lied allemand écrit pour un baryton.
Drapée et enturbannée de bleu nuit, la diva se détache lentement de fonds de couleur mutants, passe entre un arbre mort et une maison miniature: c'est du Wilson discret, respectueux de la musique. Difficile d'en dire autant de Jessye Norman. Le choix de tempi lents a un effet désastreux sur la couleur vocale, puisque l'on timbre dans le souffle. La liberté métrique, ou rubato, détruit la logique pneumatique rigoureuse de la phrase musicale et la prosodie de Müller. Pis encore, l'accumulation d'effets de portamento «traînés» entraîne autant de notes flat.
Ce qui fait le swing du jazz et du spiritual transforme ici Schubert en guimauve. Bien sûr, la rencontre se fait parfois entre le son unique de Norman et les aurores synthétiques de Wilson, comme sur die Kröhe. Et là, la transparence du pianiste attitré de la soprano, Mark Rakham, rendrait presque justice à l'oeuvre.
Mais il suffit qu'un cadre rythmique rigoureux et une palette expressive soient requis pour que l'on ait de nouveau l'i