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Libération
Critique

En prise avec le réel.

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A Toulouse, la onzième édition du festival Printemps de septembre questionnele rapport des arts visuels avec la réalité, jusqu'à frôlerle fantastique.
publié le 1er octobre 2001 à 1h08

A l'instar de leurs confrères des années dadaïstes, les artistes d'aujourd'hui font des photographies qui ont valeur de documents, comme s'ils voulaient rendre honneur à Philippe Soupault écrivant déjà en 1931 : «Ce qu'il convient de souligner avec plus de force, c'est qu'une photographie est avant tout un document et qu'on doit d'abord la considérer comme tel (1).» Cet attrait du document, loin d'être un mouvement d'humeur, est d'abord une prise de position d'artistes confrontés à la réalité, à l'égal de chaque être humain.

Vrai-faux. Alors que les photojournalistes mettent concrètement les pieds dans le plat, affrontant de visu chaque territoire avec l'intention d'informer (sur la guerre, la misère, le sida, l'enfermement, le racisme, etc.), les artistes s'essaient à contourner la réalité pure, en quelque sorte à la réinventer, en trouvant différentes manières de créer des liens et des échanges entre ce qui pourrait paraître «faux» et ce qui est probablement «vrai».

On a pu voir récemment au musée d'Art moderne de la Ville de Paris les vidéos de la Britannique Gillian Wearing (2) filmant hommes et femmes racontant des traumatismes survenus dans l'enfance et protégeant leur identité grâce à un masque. Le recours au masque ­ ou à des acteurs professionnels, ou à divers manèges les rendant quasi anonymes ­ permet aux artistes de perturber le réel. Et d'exister autrement face aux autres.

Et si la vie était une banale fiction et l'autre un double singulier ? L'on se souvient de ce