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Libération
Critique

En quatrième lenteur.

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publié le 1er octobre 2001 à 1h08

Kenneth Stephenson, 25 ans, cheveux longs lâchés sur les épaules, porte un tee-shirt de bûcheron taillé trop grand. Le chanteur et guitariste des Kings bury Manx aime être à l'aise. Trop réservé pour poser d'entrée les pieds sur la table, le jeune campagnard aux allures de routard affiche un sourire à chaque fin de phrase. Son comparse Ryan Richardson (batterie) est moins volubile, mais tout aussi contemplatif. A tel point que l'apparente sobriété et plénitude de ces deux musiciens, auteurs (avec les deux autres membres du groupe) d'un album d'une lenteur lumineuse, finit par déconcerter. De fait, on imagine bien les Kingsbury Manx bloqués au comptoir d'un bar de Wilson (Caroline du Nord), leur ville d'origine, à boire du café à longueur de journée, alors que dehors la pluie tombe ou qu'un froid glacial saisit les pare-brise des pick-up.

Fécond. Lorsque le quatuor se rencontre à l'école, ils ont à peine 10 ans et pas mal d'années devant eux à ronger leur frein, à taper dans des balles de base-ball sur un parking ou à courir dans les bois. Autant attendre que ça passe, plongés dans le moindre fanzine musical, Iron Maiden à fond dans le casque. Plus tard, l'écoute se fait plus jazz et folk. Kenneth, vendeur dans un magasin de disques, passe ses journées dans les vinyles, peu bousculé par les clients. Ryan entre à la fac, étudie les lettres et se met à écrire. Les Kingsbury Manx naissent de l'ennui transcendé et de l'isolement fécond.

L'an dernier, Kingsbury Manx, leur premier al