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Libération
Interview

«Manipuler la télécomme elle nous a manipulés»

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publié le 1er octobre 2001 à 1h08

La présence de Dara Birnbaum à Toulouse est magnifique, mais mâtinée d'un bémol. Cette artiste, née en 1946 à New York, active depuis les années 70 et proche de Dan Graham, est peut-être la première «déconstructrice», par la vidéo, des médias télévisés. Celle qui se frotte avec une égale pertinence à la grande trappe mythologique de l'opéra romantique, méritait sans doute mieux qu'une seule bande vidéo: Technology/Transformation: Wonder Woman, 1978-1979. Une rétrospective de ses nombreuses oeuvres ­ installations comme vidéos ­ reste donc encore à venir. C'est depuis chez elle à New York ­ elle habite près des tours du World Trade Center, elle les a de ses yeux vues s'écrouler ­ qu'elle a accepté de nous répondre.

Comment ne pas parler du 11 septembre?

En tant qu'artiste qui, depuis vingt ans, tente d'appréhender et de décoder l'imagerie des mass media et notamment de la télévision, je ne peux dire que cela: je vis à moins d'un kilomètre du WTC, j'ai vu ce qui s'est passé. C'est par la radio que je l'ai appris, alors que je m'apprêtais à promener mon chien. Mon premier geste à été d'allumer la télé, pour voir des images. Pendant que les reporters s'interrogeaient en live sur la cause du premier crash, le deuxième avion s'est écrasé. L'explosion paraissait irréelle, ainsi couverte en direct. Je suis descendue, il y avait du monde. Ma rue est alignée sur le site du WTC. L'urgence provenait du besoin d'être avec les autres et aussi parce que je croyais que l'imagerie télévisuelle