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Libération
Critique

Chaos

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publié le 5 octobre 2001 à 1h10

La Malika de Chaos, le dernier film de Coline Serreau, c'est un peu Amélie Poulain, mais sortie de sa carte postale et débarquée dans un monde de brutes. Où les brutes sont les hommes. Son père, d'abord: quelques semaines avant son bac, il lui achète un aller simple pour l'Algérie, où l'attend un vieux. Elle échappe à une vie d'esclave musulmane en fuguant. Mais se retrouve entre les mains d'un autre genre de proxénète, ceux qui mettent les femmes sur le trottoir. Ou encore, le permanencier de SOS-Racisme qui ne la console pas mais l'insulte en arabe et la chasse. Il y a aussi Paul (Vincent Lindon), le mari de son amie Hélène (Catherine Frot), «du genre à verrouiller les portières» quand une fille se fait agresser devant sa voiture. Du genre aussi à harceler sa femme, qu'il ne regarde plus, pour qu'elle lui repasse son costume en lin. Et le fils, post-ado volage qui a retenu les leçons paternelles («Elles veulent toutes la même chose, et après elles te mettent le grappin dessus pour des années.»). Toutes générations confondues, les hommes en prennent pour leur grade. Et puis il y a l'autre moitié de l'humanité... les femmes. Hélène, surtout. Cette bourgeoise, effarée de découvrir le monde, et qui devient une amie solidaire et efficace. Douée à l'école, pour faire la pute, ou dans les arnaques, Malika (interprétée magnifiquement par Rachida Brakni, issue du Conservatoire) a décidé de s'en sortir. Elle organise peu à peu le chaos autour d'elle, apaise les femmes qui l'entouren