Menu
Libération
Critique

Le Pornographe, péché original

Article réservé aux abonnés
Le Pornographe, le deuxième long métrage de Bertrand Bonello
publié le 5 octobre 2001 à 1h10

Le Pornographe, le deuxième long métrage de Bertrand Bonello (après Quelque chose d’organique en 1998) n’est pas juste le bon film de la semaine. Il détient toutes les qualités que l’on accorde à un péché véniel. Jacques Laurent (Jean-Pierre Léaud, chamanique) fait de la pornographie son métier. Il réalise des films qui sentent le cul et la cuisse. Ou du moins en réalisait, dans les années 70, avant de revenir pour la première fois sur un plateau diriger à sa manière, un peu vieille école en dignité, des films voyeuristes et obsessionnels. Bonello l’accompagne, de l’âge de pierre à l’âge de feu, se brûlant avec lui (deux scènes, cuites à haute chaleur), dans un parcours intime qui va au-delà de tout ce à quoi on peut s’attendre d’un film d’aujourd’hui porté sur la Chose. Ce qui passionne Bonello, ce sont quelques états du corps humain; comment il hérite, comment il vieillit, comment il change, comment il mature, comment il immature, inversant toutes les propositions: Léaud opère un détour de l’âge adulte vers une contradictoire adolescence, son fils Joseph bascule de la grande adolescence à la sérénité. Old school, new school, noblesse, abandon, damnation, brûlures, mythologie, silences, honneur. Tentant? Xcitant, Xcellent.

Cinéaste et musicien

Bertrand Bonello, 33 ans, prépare le second album de son groupe Laurie Markovitch avec Jipé (chanteur des Innocents) et Mirwais (ex-Taxi Girl, producteur du dernier disque de Madonna).

Le Pornographe De Bertrand Bonello (France-Canada). Avec Jean-Pierre Léaud, Jérémie Rénier, Ovidie. 1 h 48.