Merci le camembert! En 1993, Olivier Thiébault doit publier un livre sur l'iconographie des étiquettes du fromage crémeux. Il arpente sa Normandie natale et ses marges pour inventorier les usines de fabrication. Au fin fond de l'Orne, du Calvados ou de la Sarthe, il déniche alors d'étranges sculptures: ici des Vénus en ciment polychrome, là un faucheur en fer soudé, ailleurs un lézard géant en coquillages incrustés. Tel le Facteur Cheval, ces «constructeurs de rêves» (dixit Olivier Thiébault) sont agriculteurs, maçons, ouvriers, boulangers. Intrigué, puis ému par cet art brut «inclassable, spontané, simple, utilisant des matériaux de proximité liés à la profession», il se mue en sauveteur d'oeuvres «éphémères vouées à la destruction». Il enquête, rencontre, filme, fouille, déterre, restaure, et fonde, avec des comparses, l'association Luna Rossa. Sa cinquantaine de trouvailles est exposée durant les beaux jours dans un jardin situé au coeur de Caen: un musée anarchique à ciel ouvert. L'objet, «qui n'est plus considéré comme ce qu'il a été mais dans son utilisation secondaire», réapparaît aussi dans les propres oeuvres de celui qui se proclame «autodidacte» (il a tout de même été formé au lycée technique de Lisieux et aux beaux-arts de Caen). Photographe, dessinateur d'affiches de théâtre, éditeur (sa maison d'édition, le Centre lointain, a publié douze livres-objets et de poèmes en dix ans) et sculpteur, Olivier Thiébault continu d'amasser des objets qu'il assemble et expose
Olivier Thiébault trouve-tout
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par Natalie Castetz
publié le 5 octobre 2001 à 1h11
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