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Libération
Critique

Le monde dans «Un tramway».

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publié le 6 octobre 2001 à 1h11

Après la Russie ­ les Démons d'après Dostoïevski présenté à Chaillot la saison dernière ­, Frank Castorf et la troupe de la Volksbühne de Berlin s'attaquent à l'Amérique. Ils sont de retour, à Bobigny cette fois, avec Endstation Amerika, une adaptation d'Un tramway nommé Désir, la pièce de Tennessee Williams.

L'Amérique d'aujourd'hui. Pour tout spectateur, le titre évoque au moins une image, ou plutôt une icône: Marlon Brando et son débardeur, immortalisés en 1951 dans le film d'Elia Kazan. Le spectacle de Castorf ne se veut ni un hommage ni un outrage à cette oeuvre culte. Mais, alors que la pièce et le film s'apparentent à une implosion (un long psychodrame sexuel), Endstation Amerika repose plutôt sur le principe de l'explosion: une succession de déflagrations qui ouvrent des brèches.

Le titre voulu par le metteur en scène, Terminus Amérique, place l'enjeu sur le terrain politique. Il évoque non seulement un «tout le monde descend», mais aussi l'impasse et le point de non-retour dans une Amérique qui n'est plus celle des années 40, mais d'aujourd'hui. Chez Castorf, qui a procédé à de nombreux rajouts au texte de Tennessee Williams, Stanley Kowalski ­ Brando à l'écran ­ a un passé, qu'il brandit volontiers, de militant ouvrier en Pologne du temps de Solidarnosc. Mais ses souvenirs sont douteux: il semble mélanger les dates et les événements. L'histoire du siècle et de l'Europe de l'Est est par ailleurs très présente durant tout le début du spectacle et à la fin, grâce à une