Sous ses coups de crayon, treize présidents américains se sont succédé, de Hoover à l'actuel George W. Bush, et n'ont guère été épargnés. Herbert Block est mort dimanche à 91 ans: «Herblock», de son nom de presse, était le caricaturiste le plus célèbre d'Amérique, quatre fois lauréat du prix Pulitzer, honoré de la médaille de la Liberté, la plus haute distinction civile américaine. Une exposition récente, à la Bibliothèque du Congrès, couvrait ses soixante-dix ans de carrière et ses milliers de dessins, sous le titre «Political Cartoons from the Crash to the Millennium».
Trois de ses «créatures» au moins ont fait le tour du pays: le sénateur anticommuniste McCarthy en homme de Neandertal, partant à la chasse aux sorcières; Nixon en pantin scotché aux bandes magnétiques scandaleuses du Watergate; et Ronald Reagan, la mèche décoiffée, complètement à côté de la plaque... Né à Chicago le 13 octobre 1909, dans une famille de journalistes (son père travaillait comme reporter et dessinateur pour Life, Puck, le Chicago Record, son frère aîné écrivit au Chicago Tribune), le jeune Herbert contracta le virus après des études à l'Institut d'art de Chicago: il couvre les faits divers et les procès pour le Chicago City News Bureau, puis à l'âge de 19 ans, au printemps 1929, remplace le caricaturiste du Chicago Daily News tombé malade. Il gagne immédiatement ses galons en collant à l'actualité de la grande dépression; son style simple, direct, plein de détails pittoresques, est reconnu par