Face à l'incertitude, la mode semble se réfugier au temps de l'innocence. Comme réchappés du grenier, chemise de nuit 1900, jupons et combinaisons ouvragés insufflent une humeur romantique.
Gonflé, plissé
Ebauches de vêtements, les tenues work in progress de Rei Kawakubo pour Comme des garçons mélangent la robe en organdi et sa toile prototype. Les robes de baptême à col fraise paraissent gonflées à l'hélium. En guise de coiffure, d'étranges casques en papier mâché lambeaux de journaux rappellent la catastrophe. Rei Kawakubo ne se laisse pas aller à des mièvreries, ses tenues immaculées possèdent une agressivité sournoise et inaugurent un romantisme hard.
Les plissés et les froufrous, on les retrouve chez Dries Van Noten. Les jupes glissent sur des sarouels, les chemises de nuit en cotonnade s'enfilent sous des kimonos délavés et les broderies indiennes s'incrustent sur les blouses. C'est frais, light, épicé juste ce qu'il faut. Tout aussi gracieuse, mais beaucoup plus subtile, la collection de Martine Sitbon semble estompée par le temps. Sur les caracos, les frises de dentelle sont déchirées, les broderies des robes, élimées, et les jupes paysannes, froissées. Grège, paille ou rose grisé, les couleurs semblent fanées au soleil. La créatrice opère un travail sur la mémoire. Ses silhouettes évoquent les clichés floutés de David Hamilton, ou les danseuses de Pina Bausch. Chaussées de petites sandales plates à bout rond, les jeunes filles énergiques renouent avec la poésie con