Mongo Beti, mort dans la nuit de dimanche à lundi à Douala à 69 ans, n'aura vécu que peu de temps dans son pays natal, le Cameroun. Il y était retourné il y a une dizaine d'années, après avoir enseigné le français au lycée Corneille de Rouen pendant près de quarante ans.
Librairie. L'exil de ce professeur agrégé de lettres n'était pas que professionnel: son opposition au régime postindépendance fit longtemps de lui un indésirable. De retour à Yaoundé, Mongo Beti y avait ouvert une librairie, la «Librairie des peuples noirs»: 5 000 livres sur 300 mètres carrés, un pari un peu fou dans un pays où le prix d'un livre équivaut au Smic. Malgré bien des vicissitudes, l'endroit était devenu un carrefour de la vie intellectuelle du Cameroun, le rendez-vous de jeunes écrivains et d'associations militantes en tout genre.
De son vrai nom Alexandre Biyidi, Mongo Beti avait choisi comme pseudonyme le nom de son ethnie. Son premier roman Ville cruelle parut en 1954, suivi par une vingtaine d'autres comme Remember Ruben (1974) ou Trop de soleil tue l'amour (1999). Parallèlement, il publiait des essais politiques contre le néocolonialisme, comme Main basse sur le Cameroun (1972), Dictionnaire de la négritude (en collaboration, 1989) ou la France contre l'Afrique, retour au Cameroun (1993). Mongo Beti a également créé et dirigé la revue Peuples noirs et peuples africains. «Là-bas, tout est à faire, et ce n'est pas simple», expliquait l'écrivain. Lors d'une visite de Jacques Chirac en janvier de