«J'ai passé des mois à chorégraphier la poursuite finale de l'Impasse, qui devait se dérouler dans les escalators du World Trade Center : dix escalators, un endroit incroyable, sensationnel pour une scène de fusillade. Mais il y a eu un attentat et tout est parti en fumée.» 1993, Brian De Palma doit renoncer à son idée à la suite du premier attentat contre le WTC ; cette scène d'anthologie, il la tournera avec Al Pacino et moins d'escalators dans la gare de Grand Central. C'est l'une des révélations d'un livre très attendu, réunissant les entretiens avec l'auteur de Carrie, Pulsions, Scarface, Mission : impossible, menés depuis huit ans par Samuel Blumenfeld et Laurent Vachaud, critiques faisant partie d'un cercle nombreux, les fans français de Brian De Palma.
Dingo survolté. L'ouvrage, richement illustré, détaillé jusqu'au fétichisme, précis jusqu'à la maniaquerie, tient ses promesses : l'un des meilleurs livres d'entretiens avec un cinéaste américain vivant, le plus complet concernant les grands réalisateurs des seventies, Scorsese, Coppola, Cimino, Spielberg, Lucas, Eastwood, Carpenter, Dante, Craven. Parmi eux, Brian De Palma avait pourtant la pire des réputations : misanthrope, solitaire, méprisant les critiques. Le paradoxe veut que ce soit avec lui qu'aboutisse ce livre.
A la lecture, le paradoxe s'explique. Parler, commenter : De Palma n'attendait que cela. Il est le gloseur fou de ses propres films, par ses précisions et ses éclairages, connaissant le moindre de ses r