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Libération

Bernard Aubert le fêtard des Docks

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publié le 12 octobre 2001 à 1h15

Quand il regarde des murs gris, Bernard Aubert les imagine bleus, jaunes, rouges. Il attend d'une fête que les gens se voient, se touchent et se mélangent. Une alchimie qui suppose de la couleur, du son et de la danse. Depuis dix ans, son bébé, la fiesta des Suds (lire ci-dessus), est en octobre le nombril de Marseille. Cet enfant de Nîmes rêvait de s'installer dans la ville duelle, à la fois industrielle et balnéaire. Mi-Suisse, mi-Corse, il se retrouve dans cette identité brouillée. Devenu éducateur de rue, il débute sa carrière à Grenoble, en 1975. Il y organise des concerts avec les jeunes des quartiers, tout en supervisant, déjà, la programmation musicale de la feria de Nîmes. En 1982, Bernard Aubert débarque à Marseille pour travailler dans le quartier de l'Estaque. L'époque n'est pas à la fête: le Front national cartonne, rend l'atmosphère pesante. «La Fiesta est née de la réaction citoyenne de dix personnes. Nous voulions contrer ce message de haine en organisant un événement à la fois culturel et populaire.» Le festival arbore fièrement sa vocation world. Bernard en devient le programmateur. Avec son équipe, il investit des lieux emblématiques: les docks de la Joliette, le hangar du J4, les Friches de la Belle de mai. En 1998, les nomades se sédentarisent aux Docks des Suds, dont les 5 000 m2 réaménagés accueillent une bodega andalouse, un bistrot marseillais, une rhumerie, un restaurant, une grande salle de concerts et deux cabarets. Aujourd'hui, Dunkerque,