Un cube en fonte noire, et un luminaire en envol dans une torsion de propylène blanc. Une petite boîte de Pandore de la mémoire japonaise, symbolisant la terre, et son pendant, la lumière translucide évoquant le vent. Ces deux pièces ont été tout spécialement créées par Masayuki Kurokawa pour l'exposition «Japan design, nouvelle génération». Pour lui, le design «est un poème. Un dessin du blanc et de l'ombre, celle d'un état d'âme japonais» (1). Son travail s'écrit systématiquement entre deux idéogrammes, comme le ku et le ma, («vide» et «temps»). Kurokawa (né en 1937) se situe à la charnière des deux générations de créateurs nippons présentés à Paris à l'initiative du Via (Valorisation de l'innovation dans l'ameublement) et de l'ambassade de France.
Perturbateur. «Les jeunes designers sont ici volontairement exposés aux côtés de quelques maîtres nippons, comme Kita, Kuromata, Noguchi, Yanagi...», explique Claudio Colucci, designer français installé au Japon depuis cinq ans, et scénographe de cette exposition. Ces derniers sont ces novateurs qui ont su s'affranchir du design de l'après-guerre japonais, un design industriel et fonctionnel au service de la reconstruction, copié sur l'Occident, et coupé du savoir-faire millénaire, des «trésors vivants», c'est-à-dire des artisans. Le Flower Vase de Shiro Kuramata (1934-1991), le tabouret calligraphique Butterfly (1956) de Sori Yanagi, ou la Table basse «sculptée» par Isamu Noguchi (né en 1904) abolissent les frontières entre ming