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Libération
Critique

Le Tupperware, oeuvre d’art ménager

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publié le 12 octobre 2001 à 1h15
(mis à jour le 12 octobre 2001 à 1h15)

La boîte semblait avoir bien jauni. Pour ses 40 ans français, le bol conservateur créé en 1946 par le chimiste américain Earl Tupper, si copié depuis, ressort sa griffe à la galerie Sentou, où il s’expose et se vend pour la première fois directement. Ce qui est mis en scène là, avec animation, fantaisie et kitsch par les deux créatrices de Tsé & Tsé associées, ce n’est pas simplement «le» produit pratique et hermétique en polyéthylène moulé par injection. Mais une marque devenue générique, et toute une imagerie à l’odeur de madeleine en plastique.

Ce contenant ne rencontra d'abord aucun succès aux Etats-Unis quand il fut présenté dans les drugstores. Encore fallait-il «démontrer» l'astuce de «cette oeuvre d'art à 39 cents»! C'est pourquoi il fut remis entre les mains de démonstratrices, qui pouvaient, de leurs doigts experts, expliquer la pression qu'il fallait exercer sur le couvercle pour chasser l'air, «faire le vide» et donner ce coup de languette inimitable. La boîte arrive en France, en 1961, à Périgueux, où l'on repère la pionnière des présentatrices à domicile en l'épouse d'un Américain. Le Tupperware se vend partout comme des petits bols, dans un frou-frou de jupes sixties, sous les tabliers à carreaux, au cours de mystérieuses réunions qui exaspéraient les hommes. La ménagère consommatrice était séduite dans son salon, entre la dernière tourniquette à faire la vinaigrette, des bonnes parties de rigolade et quelques biscuits. La femme s'offrait par ailleurs le pr