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Libération

Mon beau Massoud

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publié le 12 octobre 2001 à 1h14

Une étoile morte est née: le commandant Massoud. Massoud l'Afghan, le beau film sentimental de son barde Christophe de Ponfilly, a triomphé sur Arte et obtient du succès en salle à Paris. Un livre d'or, à la sortie, permet aux spectateurs de prolonger la cérémonie. L'un d'eux a écrit que la mort avait transformé la vie de Massoud en destin. Mais cette vie était déjà un destin. Simplement, elle ne réverbérait pas en Occident. Il a fallu qu'on l'assassine et que l'Afghanistan devienne, après le 11 septembre, le misérable nombril du monde: la mort a été son attachée de presse. Son fantôme rejoint celui du Che au panthéon, justifié ou non, des anges combattants. Le T-shirt à son effigie n'est pas loin. De plus, Pivot serait content, comme beaucoup d'Afghans il parlait notre langue. Massoud l'Afghan est un héros français.

Sa beauté n'y est pas pour rien. Cette face virile et raffinée semble taillée dans la délicatesse des versets et la brutalité des combats. On y voit l'obstination, cette vertu adolescente, et une forme de sagesse. Le guerrier qui lisait les poètes a fasciné ceux, pas si nombreux, qui depuis vingt ans le soutenaient. Beaucoup avaient envie de croire que la guerre (comme la Révolution) peut avoir un visage romanesque et civilisé. Ils disent parfois que Massoud le résistant n'aimait pas la guerre; mais s'ils sont allés le voir, et l'ont aimé, c'est aussi parce qu'il la faisait. Qui n'a besoin de combats et d'aventures pour ne pas s'ennuyer? Les apôtres de Massoud on