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Critique

Les huiles essentielles de Morandi

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Les natures mortes du peintre italien révèlent un art sans fioriture.
publié le 13 octobre 2001 à 1h15

Il peignait des pots, des carafes, des bouteilles. Et aussi des boîtes, mais on ne sait pas ce qu'il pouvait y avoir dedans. Il les installait sur une table ou sur une planche, on ne fait pas trop le distinguo, on ignore sur quel fond s'appuient ces natures mortes, on est un peu perdu. Giorgio Morandi a peint ce genre d'objets pendant une bonne vingtaine d'années, les dernières de sa vie qui s'est achevée le 18 juin 1964 à Bologne. Elle avait commencé au même endroit trois quarts de siècle plus tôt. A part un unique voyage en Suisse, l'artiste italien n'a pratiquement jamais quitté son atelier.

L'après-1930. Ces vingt dernières années de natures mortes (à l'exception de rares paysages) ont été rassemblées avec environ 80 tableaux et dessins. Pourquoi ce choix? Parce qu'il s'agit de la période la plus fructueuse de sa carrière. Au début, Morandi penche d'abord pour le futurisme, puis, après la Première guerre mondiale et une dépression nerveuse carabinée, il s'oriente vers la peinture métaphysique avant de flirter avec un mouvement «retour à la terre». Ces années, on peut les oublier. Jusqu'aux derniers autoportraits. Tout commence donc vraiment aux alentours de 1930.

Mais la question peut être plus brutale. Pourquoi exposer des tableautins représentant des ustensiles sans grand intérêt, et pourquoi aujourd'hui? Aussi étrange que cela paraisse, cette question, nul ne songe à (se) la poser tant le caractère de térébrante nécessité de cette exposition crève les yeux. En effet, à