Toujours précis dans ses indications de décor et de jeu, Luigi Pirandello décrivait ainsi l'entrée de ses six personnages: «[...]Ils sont rangés au fond de la scène où, dès leur apparition, une étrange lueur, à peine perceptible et qui semble rayonner d'eux, les entoure comme la buée légère de leur réalité fantastique.» Et Pirandello indique un peu plus loin que, tout au long de la pièce, «ils conserveront une certaine inconsistance de rêve».
Intime. La grande réussite de la mise en scène par Emmanuel Demarcy-Mota de Six personnages en quête d'auteur tient précisément à cela: il en émane l'étrange lueur imaginée par Pirandello, et toute la représentation semble nimbée d'un halo fantastique qui maintient les spectateurs dans un état de rêve éveillé. Rarement, le grand plateau du Théâtre de la ville aura été aussi bien utilisé, dégagé dans toute sa profondeur, laissant voir la machinerie, mais riche en refuges le fond de scène où les six personnages se blottissent, les planches et les tréteaux où se déroule la répétition. Tantôt le plateau semble se dilater pour séparer les comédiens, les isoler dans l'espace, tantôt c'est comme si tout se rétractait et se jouait sur un terrain intime où les corps se tiennent chaud. Artisan de cette atmosphère, le scénographe Yves Collet, qui signe aussi les lumières, mérite d'être salué au même titre que le metteur en scène.
L'autre atout du spectacle tient dans la capacité des interprètes (ils sont seize) à investir le plateau comme si c'éta