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Libération

«Angel Eyes» et «Treize Jours»

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par BAYON
publié le 17 octobre 2001 à 1h17

Le héros somnambule d'Angel Eyes erre à poings fermés dans les rues, la vie est pour lui la ville éteinte. «Personne ne vit ici...», constate l'héroïne en entrant chez lui, et notre homme de confirmer: «Non, moi.» C'est servi. Duras n'eût pas dit mieux.

La maison vide, en dehors même des yeux à mourir du rôle-titre «Catch» Caviezel, ou du métier de «Sharon» Lopez, flic (qui fait dire au héros décidément bizarre: «Les gens devraient vous remercier à genoux.»), suffirait à nous attendrir. Mais c'est 1 h 43 durant que cette sensiblerie nous tient en alerte lacrymale. Dès la première seconde, jusqu'au dernier cliché.

Le lecteur normal peut peiner à comprendre que nous bouleverse la phrase d'exposition: «Serrez ma main, vous m'entendez?» sur fond de gyrophares convenus; c'est pourtant là à nos yeux le comble du 7e art imitant la nature comme il se doit. Et que dire de la scène d'idylle où notre «homme qui portait sur ses épaules un tas de vieux manteaux», tel celui de Kafka, murmure, ému: «Je croyais être... ­ Quoi? Pédé? ­ Non. Mort...»

Angel Eyes, en lumière légèrement «Sevenienne», bâille ainsi, comme ses portes, sur le deuil ­ ou complexe du survivant. Les éléments de réflexion policiers proposés nous intéressent plus, par exemple, que ceux de la dernière palme d'or cannoise ou de Sous la plage. Art nuit. Les femmes cèdent à la Route de Madison, les gars à Replicant ou au «Regard d'ange».

L'émoi tient plus à la narration qu'à Jennifer Lopez, mais il ne faut pas sous-estimer la da