Dans le genre film de genre, Sur mes lèvres a tout du gigot trop bien ficelé: strictement cadré, pour ne pas dire encadré, et très bien écrit, autant dire scénarisé jusqu'à l'os. Soit donc la rencontre entre Carla, secrétaire à tout faire d'une entreprise de promotion immobilière et Paul, jeune homme fraîchement sorti de prison et présentement assistant-stagiaire (en français normal: esclave de bureau).
Incertitudes. Elle, pas très gironde, la trentaine flouée, lui, chien fou mal toiletté. Certes, Paul travaille pour Carla, mais mis à part l'apprentissage fastidieux de la photocopieuse et les facéties de la machine à brocher, pas l'ombre d'un atome qui pourrait l'un à l'autre les accrocher. La pas très belle et le bébête, se dit-on. Comédie en tout cas. Mais déjà les ficelles lâchent et nous larguent au-dessus d'un abyme d'incertitudes. Car ce qui réduit imperceptiblement le grand écart entre Carla et Paul, c'est leur impotence commune: Paul s'exprime essentiellement par jappements; Carla s'exprime mieux mais entend très mal, deux prothèses auditives l'ayant transformée comme elle le dit elle-même de sourde en sourdingue.
Autrefois dans un spectacle fameux, Bob Wilson avait tenté d'exprimer le regard d'un sourd. Audiard, avec les moyens du cinéma, obtient physiquement des résultats approchants. D'abord, c'est la moindre des choses, du point de vue des décibels, en travaillant la bande-son, de l'amortissement cotonneux à la sono plein pot. Ensuite et conséquemment en privilégia