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Libération
Critique

Denis Roche, éloge de la langueur.

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publié le 17 octobre 2001 à 1h17

Trinidad, 4 avril 1989: Denis Roche est installé au Farrell House, chambre 3202. Il rentre d'un séjour en Egypte au pied des pyramides, de longues heures passées aux terrasses des cafétérias pour touristes. Par la fenêtre, il voit la mer et les cimes des palmiers sous le soleil disparaissant peu à peu. Au 1/125e de seconde, il fige le littoral devant lui, l'horizon pas tout à fait droit, et la forêt qui devient une forme sombre au premier plan. A ses côtés, Françoise, sa compagne, est allongée nue sur le lit. Il immortalise les courbes de son dos et de ses jambes sur les draps blancs. Les lignes de la silhouette renvoient à la crête des arbres et l'oeil transite d'une image à l'autre.

«Entre-deux». C'est un des plus beaux instants de l'exposition. Simplement, comme des photos de vacances, Denis Roche compose un diptyque fragile, fait d'oisiveté, de lumières diffuses et d'instants en suspension, quand il n'y a rien d'autre à faire que s'ennuyer sur une chaise en bois, fumer une cigarette et prendre un verre sur une table carrelée. A l'image de l'ensemble de ses clichés que la Maison européenne de la photographie présente jusqu'en novembre, tous déclinés selon une certaine langueur: des terrasses ensoleillées, des chambres d'hôtels en désordre, de pieds nus sur la moquette et des culottes roulées, Françoise prise sous tous les angles, dans une glace, par une vitre, ou selon son ombre, un appareil photo posé sur un pied, des autoportraits, des reflets décuplant les espaces, des