Certains avaient été déçus par son Moby Dick présenté l'an dernier dans le cadre du festival d'Automne. «Trop technologique peut-être», concédait Laurie Anderson quelques jours avant son retour scénique dans la capitale, ajoutant: «La technologie est un fléau subtil, jouant sur la peur des gens de ne pas faire partie de la société en marche. On vous convainc d'acheter un ordinateur toujours plus rapide, plus performant. Pour ce qui est de la musique, maintenant que tout le monde peut jouer en place grâce à l'ordinateur, j'ai besoin de retrouver le challenge physique d'un groupe avec des instruments.»
De fait, c'est un tour de chant dépouillé qu'a donné l'artiste new-yorkaise lundi soir, dans une salle de la Mutualité clairsemée, rompant avec la sophistication des spectacles multimédias de sa légende, de Home of the Brave à Puppet Motel. En lieu et place du dispositif audiovisuel high-tech, un trio discret: un polyrythmicien officiant derrière une batterie acoustique et des pads électroniques, un bassiste utilisant à l'occasion des pédales de distorsion et un clavier déclenchant également des sons et boucles échantillonnés.
Pathos vocal. A l'angle droit de la scène, silhouette noire et cheveu piqué, Laurie Anderson passe du violon électrique avec toujours de sérieux problèmes de justesse au clavier tout en chantant. On est d'abord embarrassé par le pathos vocal, ce côté Piaf accompagnée par le Velvet Underground, après les années de perfection ironique et de distance lunair